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Page:Boucher de Perthes - Voyage à Aix-Savoie, Turin, Milan, retour par la Suisse.djvu/45

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Le soir, grand monde au Casino où je ne croyais trouver que quelques malades. Un personnage politique, qu’on attendait et qui ne vint pas, avait attiré cette foule. Pour l’occuper, on fit danser. Une très-jeune fille au teint mauresque et au fez rouge, valsant admirablement, y est fort remarquée. D’où vient-elle ? quelle est-elle ? C’est ce que personne ne sait. Celui qui l’accompagne et qui semble être son parent, est un homme de bonnes manières. La princesse de Solms consent à danser, et les hommes, ordinairement si lents à se décider, se montrent plus empressés : elle n’a que l’embarras du choix. Elle valse bien, et polke mieux : c’est une femme des plus séduisantes. Elle peint, elle chante et versifie agréablement, et joue, dit-on, la comédie à ravir, ce dont nous pourrons bientôt juger, car on annonce une représentation d’amateurs au profit des pauvres.

Je n’ai plus le temps de m’ennuyer à Aix ; la société de M. et Mme Pallavicino, celle du commandant Scholl qui est un homme du meilleur ton, enfin de M. le professeur Persoz, satisferaient le plus difficile.

Aujourd’hui, la chaleur est extrême. Le soir, en revenant de faire une visite à la princesse, je suis accueilli par un orage. Je me réfugie sous un arbre ; je n’en ignore pas le danger, mais quoique grand amateur d’eau, je n’aime pas celle qui tombe d’en haut, surtout quand la grêle s’y mêle. Me voilà donc, sous mon arbre, assez bien garanti, bravant le tonnerre qui fait sa plus grosse voix, et admirant les éclairs déchirant la nue et d’un effet magnifique.

Un coup plus fort et plus rapproché que les autres se fait entendre, et je m’aperçois, à la chûte de la cime