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Page:Boucher de Perthes - Voyage à Aix-Savoie, Turin, Milan, retour par la Suisse.djvu/48

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bite le ménage, et je prends congé, tout dégouttant d’une eau qui était loin d’avoir la chaleur des eaux thermales.

Je continue alternativement mes douches et mes bains. Je me suis fait parmi les baigneurs, comme je l’ai dit, une réputation de nageur, bien que la piscine, avec ses quatre pieds d’eau, ne soit pas très-favorable à cet exercice. Les amateurs viennent m’y voir, et je forme des élèves dont quelques-uns me font honneur.

Le 31, je visite la source des eaux qui alimentent les bains d’Aix. Elle est chaude de cinquante degrés, et l’eau y a cinq à six mètres de profondeur. La grotte où elle est située est vaste et des plus curieuses ; on la nomme la Grotte des Serpents. Quand les enfants du pays voient des voyageurs qui s’y rendent, ils se précipitent à leur suite, et aussitôt que la porte est ouverte, ils entrent et font la chasse à ce qu’on appelle ici des serpents : ce sont de petites couleuvres de vingt à quarante centimètres de long, dont la peau est agréablement nuancée et qui sont fort innocentes. Les enfants en remplissent leurs mains et leurs poches, non pour les tuer, mais pour les apprivoiser, jouer avec, et parfois les vendre aux amateurs.

Attirés par la lumière qui passe sous la porte, ces reptiles s’y rendent toujours en grand nombre. Un monsieur, suivi de sa femme et de sa fille, venait après nous. À peine eut-il aperçu ces animaux, que s’arrêtant épouvanté, il ne voulut pas passer le seuil, rappelant à grands cris sa femme et sa fille qui le précédaient. Celles-ci, riant de sa frayeur, continuèrent à suivre le guide, mais notre homme, bien qu’il portât moustaches et qu’il fût grand