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Page:Boucher de Perthes - Voyage à Aix-Savoie, Turin, Milan, retour par la Suisse.djvu/53

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fendre son foyer et sa famille : c’était donc en ami que je voulais faire sa connaissance, mais je n’y pus réussir. Lorsque je l’entendais chanter d’un côté, j’y courais, croyant l’y surprendre, mais tout-à-coup je l’entendais s’évertuer de l’autre ou à l’endroit même que je venais de quitter. J’ai fini par croire qu’il était ventriloque ou qu’il avait quelque secret d’acoustique de lui seul connu.

Je vois tous les jours M. et Mme Pallavicino, dont la société me devient de plus en plus chère. La marquise est non moins instruite que son mari ; elle parle correctement l’italien, l’allemand, le français.

C’est sur une propriété et près d’un des châteaux du marquis que fut donné le combat de Montebello. La marquise y courut bravement, secourant également les blessés français, italiens, autrichiens, en se faisant bénir de tous. Je lui demandai à quelle somme pouvait se monter le dégât causé sur sa propriété. — On l’estime à une cinquantaine de mille francs. — Alors, madame, lui dis-je, c’est cent cinquante mille francs que vous devez aux dévastateurs, car ce combat a augmenté de deux cent mille francs la valeur de ce bien.