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Page:Boucher de Perthes - Voyage à Aix-Savoie, Turin, Milan, retour par la Suisse.djvu/59

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Et l’argot de l’argousin ?
Si la langue n’était qu’une,
Tout le monde s’entendrait.
À Pékin, à Pampelune,
Naturalisé de fait,
L’étranger plus n’y serait
Un échappé de la lune
Ou tel qu’un sourd et muet.

La bête a cet avantage :
Le bouvreuil ou le pinson,
Qu’il soit né dans le bocage
Ou bien au fond d’une cage,
À Blois, Auch ou Tarascon,
Toujours pur en son ramage,
N’a jamais l’accent gascon ;
Et respectant la voyelle,
Ici comme à Savanach,
Le corbeau, quand il s’appelle,
Fera le même couach !

Ainsi l’homme devrait faire.
Il ne nous faut qu’un jargon
Commun à toute la terre :
C’est celui de la raison.
Toute science est en elle :
Toujours pure et toujours belle,
C’est la langue avec laquelle
On ne peut déraisonner,
Enfin la langue modèle
Puisse Dieu nous la donner !

Dans une ville où chacun court pour obtenir la santé, dans cet Aix-les-Bains qui nous promet une vie éternelle, je crois remarquer que les enterrements ne sont pas moins fréquents qu’ailleurs. Ces enterrements se font en grande pompe ; en voici un qui passe. Une cinquantaine de femmes vêtues en religieuses, mais tout en blanc, avec un énorme chapelet à la ceinture, marchent, placées une à une, sur deux files ; un curé