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Page:Boucherville - Une de perdue, deux de trouvées, Tome 2, 1874.djvu/166

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DEUX DE TROUVÉES.

par une si triste perspective ? à quoi aurait servi de flétrir ainsi leurs innocentes joies et les amusements de leur âge, pensait cette tendre mère. Ses enfants eussent elles été plus affectionnées, plus obéissantes, plus empressées à satisfaire les moindres désirs de leur mère ?

Ces tristes pensées minaient sourdement sa santé. Elle était souvent atteinte de profondes mélancolies, et versait en secret des pleurs amères, qu’elle cherchait à cacher à ses enfants. Mais ses yeux rougis trahissaient ce qu’elle aurait voulu cacher, et affligeaient ses filles, qui s’en apercevaient mais n’osaient lui en parler, de peur de l’attrister davantage. Cette bonne mère leur disait alors que lorsqu’elle avait ses maux de têtes, les pleurs la soulageaient.

Ce n’est pas que des offres avantageuses n’eussent été faites aux demoiselles St. Dizier ; de brillants partis mêmes s’étaient présentés ; mais jusqu’ici Asile n’avait point éprouvé de sentiments profonds ; elle avait bien eu quelques préférences passagères, mais aucun amour sérieux. Hermine disait qu’elle ne voulait pas se marier parcequ’il lui faudrait quitter sa bonne maman et sa chère sœur.

Madame de St. Dizier avait fait donner une bonne éducation à ses enfants, et avait cultivé leurs talents pour la musique et le chant, pour lesquels elles avaient montré, toutes jeunes encore, une disposition remarquable. Elle savait qu’au besoin ces qualités pourraient être une ressource pour ses enfants. Bonne musicienne elle-même, elle savait l’influence de la musique sur le caractère, elle savait aussi quelles sources d’agrément ces qualités pouvaient procurer pour rendre les soirées agréables en fa-