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Page:Boucherville - Une de perdue, deux de trouvées, Tome 2, 1874.djvu/232

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DEUX DE TROUVÉES.

— Quel est le nombre des rebelles à St. Charles ? demanda le colonel ; sont-ils bien armés ? ont-ils des canons ?

— Colonel, répondit St. Luc, si, en sortant d’ici, je retournais à St. Charles, considéreriez vous honorable de ma part d’énumérer le montant de vos forces et le nombre de vos canons ? Eh bien ! vous comprendrez la raison pour laquelle je ne puis répondre à vos questions.

— Je vous approuve, reprit le colonel.

— Et moi, je bois à votre santé, dit M. de Rouville.

Les vins d’Oporto, de Madère, le Sherry furent bus copieusement pendant le dîner, les vin de Champagne aussi n’avait pas été épargné. Après le dessert, ou apporta les fruits et les cigares ; et les officiers se mirent à chanter.

Dans la cuisine, aussi, l’on faisait bonne chair. Une dizaine de soldats vivaient aux dépens de M. de Rouville. Des éclats de rire plus bruyants que de coutume partant de la cuisine, attirèrent l’attention de ceux qui étaient dans la salle à dîner. On sonna pour savoir la cause de tant d’hilarité. Quand on eut appris que c’était un colporteur qui les amusait par ses histoires et qui, en même temps, faisait danser un chien, le colonel demanda M. de Rouville de vouloir bien le faire entrer.

Un petit vieux, bossu, voûté presque en deux, entra, portant sous un bras une petite cassette et tenant en laisse un petit chien barbet. Le colporteur avait de petits yeux gris, vifs et intelligents ; son nez, un peu aplati sur le dessus, était pointu au bout ; sa mâchoire paraissait comme disloquée par une bouche démesurément fendue. Un gilet trop