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Page:Boucherville - Une de perdue, deux de trouvées, Tome 2, 1874.djvu/281

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UNE DE PERDUE

Tous les deux gardèrent le silence jusqu’à ce qu’ils fussent arrivés dans la rue St. Maurice, en face de la porte du clos de bois.

— Je vais aller les prévenir, dit Henriette, en sautant à terre ; attendez un instant.

Bientôt elle revint, accompagnée d’un seul homme.

— Mon frère est parti, dit-elle, en saisissant St. Luc ; il est allé trouver celui qui l’attend.

— Quelle imprudence !

— Oh oui ! mais c’est fait ; il n’y a plus qu’à nous séparer maintenant. Je vais monter en voiture pour accompagner monsieur et lui montrer la maison, qu’il ne connaît pas.

L’inconnu monta en voiture, prit place à côté d’Henriette, et rabattant les collets de son capot, il tendit la main à St. Luc qui était débarqué :

— Me reconnaissez-vous ? dit-il.

— Vous êtes le Docteur G… !

— Oui. Je n’oublierai jamais ce que vous avez fait pour nous. Adieu.

— À demain, dit Henriette, en présentant à St. Luc sa main dégantée.

St. Luc la porta avec respect à ses lèvres. Quand ils furent partis, St. Luc les regarda jusqu’à ce qu’ils fussent rendus au détour de la rue ; puis il retourna pensif et désappointé de n’avoir pu voir le frère d’Henriette. Il avait eu l’espoir qu’il connaîtrait ainsi celle qui se cachait de lui, et pour laquelle il éprouvait un véritable sentiment d’amour, aussi vif qu’il avait été soudain. Cependant il ne devait pas désespérer de la connaître ; ne lui avait-elle pas dit : « à demain. »