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Page:Boucherville - Une de perdue, deux de trouvées, Tome 2, 1874.djvu/291

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UNE DE PERDUE

n’osait pas remuer, retenant son haleine, écoutant de toutes ses oreilles, maudissant l’obscurité qui l’empêchait de voir et le froid qui commençait à le gagner.

Le volontaire fut le premier à faire un pas, puis il se baissa ; tâta avec ses mains et trouva une chandelle. Il prit une allumette dans une petite boîte de cuivre, qu’il portait dans sa poche, et alluma la chandelle.

M. Édouard, qui n’était pas absolument peureux, s’élança sur le volontaire, qu’il saisit au collet, et se mit à crier : au voleur !

Le volontaire à demi dégrisé, reconnut, à cette exclamation, M. Edouard, que la lumière, maintenant suffisante, lui montra au milieu des débris de bouteilles et de verres cassés. Il ne put s’empêcher de jeter un éclat de rire en même temps qu’il lui disait :

— Est-ce que vous ne me reconnaissez pas ? M. Édouard.

M. Édouard reconnut le volontaire ; il était irascible et eut bien voulu se venger un peu ; mais il sentait que sa conduite n’avait pas été loyale envers lui ; il eut honte et ne dit mot.

— Parlez donc ; c’est moi ; vous êtes-vous fait mal ?

— Je me suis blessé sur cette carafe, vous m’avez fait une diable de peur ; pourquoi n’avez-vous donc pas parlé ?

— Parlé ? mais je ne savais plus où j’étais. Je m’étais jeté sur ce sofa où je me suis endormi en vous attendant. Par où êtes-vous donc entré que je ne vous ai pas entendu ? y a t-il longtemps que vous étiez couché ?