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DEUX DE TROUVÉES.

disparut dans les grands joncs qui bordaient le bayou.

— Vite, vite, Sir Arthur, allez vous cacher de ce côté-là, tandis que je vais enfoncer ma pirogue dans les joncs de ce côté-ci.

Ils eurent à peine le temps de se mettre à l’abri des joncs, qu’ils entendirent distinctement le bruit cadencé des rames sur les tolets d’un esquif, qui ne tarda pas à détourner le coude que faisait le bayou, à quelques arpents au-delà de l’endroit où Tom s’était caché. Il y avait cinq personnes dans cet esquif, en chemise de coton blanc, qui chantaient les mots d’une chanson, alors assez en vogue :

Nous n’irons plus ensemble
Voir l’Équateur en feu,
Mexique où le sol tremble.
Et l’Espagne au ciel bleu.


Ils passèrent sans apercevoir la pirogue de Tom ; quand ils eurent avancé encore deux à trois arpents, Lauriot, qui avait donné à ses gens l’ordre de se tenir prêts, fit signe à Sir Arthur de le suivre, et il poussa droit au devant de l’esquif, qu’ils approchèrent chacun de leur côté. L’œil exercé du chef de police n’eut pas de difficulté à reconnaître à leur costume et à leur physionomio ouverte et joyeuse, que c’était des jeunes gens qui revenaient d’une partie de chasse et de pêche. Ils avaient tous des fusils de chasse à deux coups, avec leurs poires à poudre et leurs sacs à plomb ; d’ailleurs la quantité de canards et de gibiers de toutes sortes dont leur esquif était rempli, annonçait assez qu’ils revenaient de la chasse et d’une assez heureuse chasse encore,