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Page:Boucherville - Une de perdue, deux de trouvées, Tome 2, 1874.djvu/62

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DEUX DE TROUVÉES.

groupe qui s’était assis près des pirogues : Allons, mes amis, nous avons assez attendu ; il est temps de partir.

Et toute cette foule sombre et sinistre se leva sans bruit, et, s’étant divisée sous la conduite de leurs chefs respectifs, s’embarqua dans les pirogues. Une à une les pirogues poussèrent au large, et, comme un long serpent, elles glissèrent silencieusement sur le bayou bleu ; la tête touchant bientôt au lieu du débarquement, que les anneaux de sa gigantesque queue ondulaient encore au loin sur les eaux.

Sambo fut le premier à sauter à terre ; à mesure que les nègres débarquaient, il veillait lui-même à ce qu’ils fussent immédiatement formés en escouades régulières, les faisant de suite défiler vers le grand Sycomore, dont chacun des chefs connaissait parfaitement la situation. La nuit était calme ; la brise qui s’était levée au coucher du soleil s’était peu à peu perdue en un léger zéphyr, qui soulevait à peine les feuilles de la forêt de son souffle tiède et humide. Ces nègres accoutumés à la vie des bois se mouvaient à travers les cyprières, sans s’arrêter un instant pour chercher leur route. Pas un mot ne se faisait entendre, pas le moindre bruit pour rompre le silence de la nuit. On eut dit une troupe de sept cents Faunes, parcourant silencieusement les domaines soumis à leur surveillance.

Sambo s’était placé à la tête de la colonne. Déjà ils avaient franchi plus des trois quarts de la distance qui sépare le bayou chêne, quand tout à coup une décharge dé fusil se fit entendre dans la direction du grand Sycomore. Sambo fit aussitôt entendre le sifflement d’un serpent, et ce signal, répété par cha-