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Page:Boudin - La Fameuse Comédienne, 1688, édition Bonnassies, 1870.djvu/21

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confusion dans l’esprit de l’auteur, quand il écrivait, en 1687, vingt-trois ans plus tard, c’est le nombre des fêtes qu’on donna, vers cette époque, dans tous les châteaux royaux et princiers.

3° « Lauzun connoissoit le Comte de Guiche pour un homme qui comptoit pour peu de bonne fortune d’estre aimé des Dames. » Notre auteur est le seul de son opinion ; l’amour de Guiche pour la célèbre Madame suffit à lui donner un démenti formel.

Quant à la liaison de Molière et de Baron, et aux amours de ce dernier avec la femme de son maître, ce sont deux mensonges voulus que nous ne mettons pas au compte de l’ignorance. Remarquons à ce sujet que l’auteur du libelle feint d’ignorer le premier séjour de Baron chez Molière (1665 à 1666), qui explique le second[1], et que, parmi les griefs de Madame Molière contre son époux, il omet celui qui eût amnistié sa conduite, s’il eût été légitime.

4° « La Chasteauneuf, femme du portier qui ouvre présentement les loges à l’Hostel de Guénégaud. » — Du portier ? il y en avait plusieurs. C’étaient non pas des gens préposés aux portes — affaire du concierge — mais des espèces de Suisses, de spadassins, qui dégainaient, à l’occasion, contre les perturbateurs. Quand l’émeute des Mousquetaires eût provoqué de la part du Roi des mesures d’ordre, les portiers furent remplacés par des soldats et employés autrement. Le mari de la Chasteauneuf devint sans doute un des quatre ou cinq ouvreurs de loges. (M. Lacroix double cette erreur d’une seconde, en écrivant « la Chasteauneuf, femme du portier, qui… » Cette ponctuation ferait croire que la Chasteauneuf

  1. « Il s’alla mettre en teste de s’attacher au jeune Baron… » C’est ce dernier qui écrivit à Molière, en 1670, pour le prier de le recevoir de nouveau.