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Page:Boudin - La Fameuse Comédienne, 1688, édition Bonnassies, 1870.djvu/41

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a passé sa plus tendre jeunesse en Languedoc, chez une Dame d’un rang distingué dans la Province. Moliere, chef de la troupe où estoit la Bejart, ayant resoleu d’aller à Lyon, on retira sa fille de chez cette Dame, qui, ayant conçeu pour elle une amitié fort tendre, fut faschée de l’abandonner entre les mains de sa mere, pour aller suivre une troupe de Comédiens errants.

Quand ils furent arrivez à Lyon, ils y trouvèrent une autre troupe de Comédiens establie, dans laquelle estoient la Du Parc et la De Brie. Moliere fut d’abord charmé de la bonne mine de la première, mais leurs sentimens ne se trouvèrent pas conformes sur ce chapitre, et cette femme, qui, avec justice, esperoit quelque conqueste plus illustre, traita Moliere avec tant de mespris, que cela l’obligea de tourner ses vœux du costé de la De Brie, dont il fut reçeu plus favorablement : ce qui l’engagea si fort que, ne pouvant pas se résoudre à s’en séparer, il trouva le secret de l’attirer dans sa troupe avec la Du Parc. La Bejart supporta cet engagement avec assez de chagrin ; cependant, comme elle vit que c’estoit un mal sans remede, elle prit le meilleur party, qui estoit de s’en consoler en conservant tousjours sur Moliere l'authorité qu’elle avoit eüe, et l’obligeant à prendre des mesures pour cacher le commerce qui estoit entre la De Brie et luy. Ils demeu-