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Page:Boudin - La Fameuse Comédienne, 1688, édition Bonnassies, 1870.djvu/72

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hendoit qu’il ne creust qu’elle n’avoit nulle inclination pour luy, comme il estoit vray, et qu’elle ne cherchoit que son élévation. Il remarqua son incertitude ; c’est pourquoy, voulant achever de la déterminer entièrement à ce qu’il souhaittoit, il feignit d’estre fasché de ce qu’elle le refusoit, après la promesse qu’il venoit de luy faire. « Je suis bien malheureux, luy dit-il, de voir que vous ajoutez si peu de foy à ma parole, et j’ay peine à croire que vous voulez vous résoudre à passer vostre vie avec un homme que vous estimez assez peu pour douter de ce qu’il vous dit. Je vois bien qu’il faut me résoudre à ne vous jamais voir, puisque je ne puis vaincre vostre indifférence.»

Il voulut s’en aller, en disant cela ; mais la Moliere, qui craignoit qu’il ne fust effectivement fasché, l’arresta malgré luy ; et, comme elle vit qu’elle ne pouvoit l’appaiser qu’en ne luy refusant rien, elle fut assez credule pour se laisser aller, sur l’asseurance que Du Boulay luy réitéra qu’il la satisferoit avant qu’il fust peu de jours. Il se retira ainsy le plus content du monde, en laissant de son costé la Moliere fort satisfaite du pouvoir de ses charmes. Elle fut trouver la Chasteauneuf, à qui elle parla de son mariage comme d’une chose faite, en luy promettant que le changement de sa fortune ne changeroit jamais l’amitié qu’elle avoit pour elle, et que, n’aimant point Du Boulay