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Page:Boufflers - Journal inédit du second séjour au Sénégal 1786-1787.djvu/153

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chargé de marchandises et n’a pas la moitié de ses matelots. La mer est encore trop forte pour envoyer d’autres bâtiments à son secours, d’autant plus qu’ils échoueraient avec lui, à cause de la direction du vent et des courants et du gisement des côtes. Le pauvre capitaine marchand est à terre et n’entend ni ne voit plus rien, tant il est accablé de son malheur ; si le vaisseau touche la côte, non seulement il est perdu, mais il sera pillé et l’équipage fait captif. Cependant comme ce serait à la vue de mon pavillon, je tâcherai de l’empêcher. Adieu, je te rendrai compte de la suite de tout ceci.


Ce 20. — Le vaisseau, après avoir lutté tant bien que mal contre sa destinée, est enfin échoué à la côte dans une petite anse de sable, entre des roches affreuses. J’avais déjà envoyé hier un caporal et quatre hommes avec huit ou dix matelots pour donner au dedans tous les secours et y mettre tout le bon ordre qui serait possible, mais les nègres descendent par milliers du haut des coteaux et il paraît que le pauvre navire sera pillé. Cependant je vais encore envoyer d’autre monde avec des munitions de guerre et faire mouiller à portée de là un ou deux bâtiments avec du canon pour contenir la multitude, pendant qu’on fera le déchargement du navire par le bord opposé au moyen de huit ou dix pirogues que j’y fais passer et qui ont déjà rapporté ici plus de vingt milliers pesant de marchandises. C’en est assez pour aujourd’hui, ma bonne femme, le reste au prochain ordinaire.


Ce 21. — Villeneuve, qui commandait mes soldats, et mon officier de port, qui commandait les petits