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Page:Boufflers - Journal inédit du second séjour au Sénégal 1786-1787.djvu/184

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gens, qui commençaient si bien à s’habituer à moi et à me regarder comme un père commun. Quoi qu’il en soit, je partirai toujours après-demain, d’abord parce que c’est pour aller te chercher et puis parce qu’il faut ici qu’une chose que j’ai arrêtée soit faite. Quand je serai avec toi ce sera une autre affaire.


Ce 19. — À voir tout ce qui reste à faire, on dirait qu’il n’y a rien de fait ; mes gens ajoutent à chaque instant leurs paquets aux miens et font tout passer sous mon nom. Si je n’étais pas aussi convaincu que je le suis de ma misère, je me prendrais pour un satrape de Perse, mais tu verras bien qu’il n’en est rien et que je ne suis qu’un second tome du Pauvre diable, excepté que je ne compte pas finir mes jours dans le même poste que lui. À demain.


Ce 20. — Je partirai ce soir, je dîne chez mon ordonnateur et tout sera prêt avant la nuit. Adieu, je crois que je commence à te voir.


Ce 21. — Je suis au milieu des mers sur un petit bâtiment qu’on n’avait jamais cru capable de revenir en France, surtout pendant l’hiver. Mais le besoin de te revoir, la persuasion de ma fortune et ma confiance dans mon capitaine me font tout tenter. Cette pauvre petite Cousine est comble et je ne sais où nous pourrons loger le peu que nous portons, ni où nous pourrons nous loger nous-mêmes ; mais ce n’est point de la place qu’il nous faut, c’est du vent et du bon.


Ce 22. — Nous avons eu du calme toute la nuit,