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Page:Boukay - Chansons rouges, Flammarion.djvu/36

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LA CHANSON DE L’OUBLI


C’est le linceul blanc de l’oubli,
L’oubli de ceux que froisse et brise
Le règne qui me favorise.
Voici le lys enseveli ! —

III

Et pour qui donc, vieux tisserand,
Ce linceul rouge qui tressaille
Comme on voit, au soleil mourant,
Tressaillir un champ de bataille ? —
C’est le linceul rouge d’oubli,
L’oubli de ceux qui sont esclaves.
Pour que je vive sans entraves
Voici leur droit enseveli. —

IV

Arrête ! Vieillard, sans fierté,
Ta toile a fait le tour des âges.
Pour tisser une liberté
C’est trop de morts et de servages !
M’arrêter, non ! Je suis l’Oubli,
Je suis celui qu’en vain l’on prie.
Il faut pour que demain sourie
Qu’hier soit vite enseveli. —