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Page:Boulain - La Fontenelle, Vie du partisan ligueur, 1895.djvu/135

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saccage de pont-croix (1597)

autres périrent dans les cachots infects, dans des sentines immondes, quelques-uns expirèrent dans des tourments, de tonneaux remplis d’eau froide, d’autres furent assis sur des trépieds rougis au feu.

Quand on reconstruisit le presbytère actuel, quelque distance du clocher, d’immenses amas de cendres et de bois carbonisé furent trouvés et découverts… on ne pouvait leur donner d’autre origine que l’incendie de 1597. On ne trouva aucun ossement, et nous avons déjà dit que morts et mourants furent roulés à la mer qui les emporta.

Trop ivres pour suivre leurs compagnons quelques soldats restèrent après le gros de la troupe, ils purent jouir du spectacle de cette désolation.

Triste spectacle assurément dont il est facile de se rendre compte : flaques de sang dans les rues, lambeaux de vêtements, portes brisées ou entr’ouvertes… Quelques femmes, quelques enfants avant pu se cacher dans les souterrains, ou ayant été épargnés, non par clémence, mais par lassitude… Tableau sinistre assurément… On devait y voir quelques animaux errants dans les rues désertes, des chiens hurlant aux portes des maisons vides et appelant leurs maîtres disparus.

Je me trompe cependant : pendant deux jours consécutifs, et tandis que les derniers soldats se gorgeaient encore, une femme pâle, échevelée, se trainait plutôt qu’elle ne marchait sur la place de l’église, sanglotant et pleurant, elle appelait au secours sous le gibet de Lavillerouaut, là, les mains croisées en signe de désespoir, elle donnait à son mari les noms les plus doux… La pauvre Yvonne de Kerbullic était folle, des chants étranges sortaient de sa bouche… Elle suivit les soldats