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Page:Boulain - La Fontenelle, Vie du partisan ligueur, 1895.djvu/17

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dévastateur de la cornouaille

étaient en grande partie restés chez eux. La masse des ligueurs était formée d’un ramassis de Douarnenez, Quimper, et des campagnes environnantes.

Jérome Kervel avait la voix forte, dominant la foule, et dans un langage moitié breton, moitié français il dit :

Ah merci, Kermélec, la mort de Valois met fin à nos incertitudes… vides sont nos bourses par suite des mauvaises affaires des princes, et ceux-ci sont toujours funestes au pauvre peuple.

La ligue au profit de Mercœur n’est plus une bonne source, nous le savons tous, puisque nous allions l’abandonner. Si le Duc triomphe, serons nous plus riches, non, nous resterons toujours aussi pauvres aussi malheureux (paoul ato) nous resterons ses vassaux, s’il est battu ce sera la même histoire… nous serons les vassaux du vainqueur (paoul ato).

Eh bien, notre sûreté l’exige, restons ligueurs, puisque nous le sommes, mais soyons ligueurs pour notre propre compte comme nous en avons formé le projet.

Seigneurs huguenots, seigneurs catholiques, tous boivent, mangent, s’engraissent, s’enrichissent au dépens du pays, et le pauvre pays est ruiné et ne peut suffire à notre industrie.

Faisons comme eux et pillons… Le roi de France est loin, et si un jour il vient à nous, nous serons forts et riches, alors nous ne céderons qu’aux promesses d’argent et d’amnistie.

Choisissons un chef, un capitaine parmi nous (a dus tu), et en guerre aussitôt, il n’est que temps vous le savez bien.

Il paraît que c’était dans les projets du complot, car ils furent unanimes… oui un chef, un capitaine qui guerroiera au nom de Mercœur.