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Page:Boulain - La Fontenelle, Vie du partisan ligueur, 1895.djvu/20

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la fontenelle

eux, déterminés comme eux à tout… Ce chef ce sera moi, vous dis-je, dit Guy Eder. Je suis Breton, je me nomme Guy Eder de Beaumanoir de Lavardin, baron de La Fontenelle, je vous promets la victoire, le pillage, la fortune, moi aussi je veux vivre, je saurai mourir pour vous, si vous savez mourir pour votre chef, et ce chef je veux l’être : je le serai.

L’assemblée était électrisée, spontanément, trente épées, autant de poignards se lèvent, au cri de vive le baron de La Fontenelle. Kervel lui-même subit l’ascendant général, car déjà ils avaient promis de prendre un chef, mais on n’en trouvait aucun d’assez influent ni d’assez imposant pour donner des garanties à un bon commandement.

Guy Eder savait parler à des ligueurs, ou prétendus tels, car tous ils étaient gens de sacs et de corde, néanmoins il s’agenouille, tous l’imitèrent… Se relevant, il brandit son épée, sus sus ! soldats de l’union, et que Dieu nous protège. Ce fut toujours son cri de guerre, auquel il joignit le nom de Mercœur… Il ne l’avait jamais vu, et s’en souciait peu, mais c’était un pavillon couvrant la marchandise.

Le lendemain, on incendiait un hameau, aux environs de Carnac… Les habitants affolés fuyaient entendant retentir derrière eux, le cri, vive Guy Eder.

Il n’est pas difficile de comprendre l’état de ces désespérés… l’instinct commun de la conservation, le besoin les avait réunis… Comment vivre désormais après une vie de rapines qu’ils avaient menée à la suite du Duc de Mercœur, qu’ils abandonnaient, parce qu’ils prévoyaient la fin des beaux jours, le Duc pouvait se soumettre, et tout prendrait fin.