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Page:Boulain - La Fontenelle, Vie du partisan ligueur, 1895.djvu/54

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plogastel saint-germain

pèrent, on ne poursuivit pas le reste… La leçon était complète, la leçon suffisante… La Fontenelle toujours avisé, avait donné l’ordre de prendre Du Granec vivant… Il pensait à tout, le rusé partisan, et son but nous le découvrirons un jour à venir.

Du Granec fut fait prisonnier, conduit à Douarnenez, et quelques jours renfermé à l’île Tristan.

Trois jours après on le relâchait, et Guy Eder lui disait… Allez, baron du Granec, retirez-vous, soyez prudent désormais, car si le chef de l’union vous pardonne aujourd’hui, une autre fois, il sera inexorable.

Du Granec se le tint pour dit, et s’en fut sans rançon.

Les pauvres diables dupes de l’échauffourée, au nombre d’au moins deux mille, restèrent sans sépultures. Les loups nombreux à cette époque eurent plusieurs journées de ripaille.

Ces évènements lamentables ont-ils complètement disparu dans la mémoire des habitants ? hélas oui… aucune légende ne paraît s’y rapporter, le nom du bandit est resté inconnu, c’est même quelque chose d’extraordinaire, mais quand le soir tombe, tout dans la région se peuple d’êtres indéfinissables et terribles, d’êtres morts dont l’idée jette l’épouvante dans les cœurs les plus braves… et cependant c’est une race vaillante, toujours prête à se jeter au milieu de dangers réels, et elle recule devant des périls imaginaires.

Cette terreur superstitieuse des esprits errants dans la nuit, n’est nulle part plus développée qu’en Basse-Bretagne, a-t-elle sa source dans ces temps qui sont déjà loin dans le passé, ou bien encore, la ferons nous remonter à cette époque inconnue, où d’après une hypothèse récemment émise, certaines parties de la péninsule n’étaient