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saccage de penmarc’h

lui qui n’ignore pas que son nom est maudit dans toute la Cornouaille… Il prend un air bon enfant, grâcieux, prévenant et dit : « Mes amis. je suis venu m’amuser comme vous, prendre part à votre fête. »

Ses compagnons le quittent un à un, sans faire mine de rien, observent la situation de l’église qui renferme les richesses, ils donnent un coup d’œil de connaisseurs aux fortifications, Tanguy, le lieutenant note tout dans sa mémoire… Malgré tout femmes et jeunes filles étrangères au bourg se hâtent de déguerpir… cependant qui oserait accuser les bigoudennes de pruderie ?… Tant s’en faut, surtout maintenant.

La Fontenelle, généreux près des joueurs, lançait des pièces de monnaie aux curieux qui semblaient s’apprivoiser, devenaient même importuns… La population acceptait de trinquer avec les soudards familiers vis à vis de tous, car les roublards ayant remarqué la terreur inspirée par le nom redouté, ne se lassaient pas d’exalter sa franchise, sa bonté, sa générosité… et lui toujours souriant, toujours aimable, avait tous les talents que l’être humain sait déployer pour plaire.

Quand le bruit strident de la corne vint sonner le boute-selle, les indigènes captivés regrettaient son départ… Kenavo, kenavo, disaient-ils…

Pauvres habitants, vous aviez tort de lui répéter, au revoir, kenavo. Vous n’en avez pas fini avec le bandit. Dans quelques jours, il reviendra, mais hélas ! ce ne sera plus en ami, ce ne sera plus l’homme souriant à vos jeux, galant à l’égard de vos filles.

C’est le fauve, c’est le loup qui viendra dans la bergerie sans défense. Combien trouve-t-on comme cela des niais confiants ouvrant leurs bras