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Page:Boulain - Raz de Sein, 1893.djvu/43

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monographie

la direction du travail ; sa santé était compromise par ses travaux et par le régime alimentaire absolument défectueux. L’honneur de la construction et de l’achèvement revient à M. Probesteau qui, lui aussi, y a bien gagné la croix des braves. Plus d’une fois il exposa sa vie ; un jour, en particulier, il ne la dut qu’à l’emploi de son couteau ; il était revêtu également de la ceinture de sauvetage.

Maintenant, quels éloges décerner à ces braves gardiens, pendant de longs mois loin de tout, ne voyant ni mer, ni cieux, quand la tempête mugit, quand la mer irritée semble s’acharner à vouloir renverser cet obstacle que le génie de l’homme a dressé devant elle pour essayer de mettre un frein à son talent de destruction. Ces braves gens sont là, ils allument le phare à heure dite, et parfois le jour quand la brume est dense, épaisse à couper au couteau, ils donnent du sifflet, la sirène retentit, lance des mugissements qui se répercutent au loin, et les navires se garent du danger. Qui n’a lu le drame émouvant du phare, de Wilkie Collins. « Après une tempête qui dure des semaines entières, sans espoir d’aucun secours, toutes les provisions sont épuisées, quelques gouttes de rhum restent pour les trois gardiens. Le vieil Aaron est devenu fou, son fils ne peut se consoler, car il doit dans la semaine épouser la douce Phœbé qui elle aussi pleure à la terre.