Aller au contenu

Page:Boulain - Raz de Sein, 1893.djvu/50

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
53
de l’île de sein

Le lendemain même du ravitaillement, après une lutte acharnée et des efforts inouïs, ils sauvaient 19 marins espagnols. Ces pauvres gens, à demi-nus et glacés, avaient tout perdu ; leur navire, le Mesquidor, avait sombré avec sa cargaison de minerai, venant de Bilbao. Le capitaine, comme le reste de l’équipage, qui s’était embarqué à la hâte dans une chaloupe, périt victime de son imprudence. En voulant repêcher son chapeau, enlevé par le vent, il fit un faux mouvement et tomba à la mer, inutile était de songer à le saisir, on l’abandonna à son malheureux sort, il en fut de même du mousse.

J’étais présent à l’arrivée des naufragés, heureux d’avoir échappé à une mort certaine, ils racontèrent les péripéties de leur naufrage. Le syndic de la Marine, leur procura un gîte et leur offrit de se réconforter chez le brave Porsmoguer. Rien cependant ne leur fut plus agréable qu’un paquet de tabac déposé sur la table. C’était un plaisir de les voir rouler des cigarettes, tout papier leur semblait bon et la plus longue cigarette était la meilleure.

Aucun de ces marins ne savait le français. Dieu merci ! les interprètes ne manquaient pas ; beaucoup à l’Île avaient fréquenté les côtes ibériques. Le lendemain ils partirent pour Audierne, d’où ils furent immédiatement rapatriés par les soins de M. Fenoux, vice-consul d’Espagne.