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Page:Bouniol - Les rues de Paris, 1.djvu/14

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Tel est le magnifique éloge qu’on a fait du premier ministre de Louis XII, éloge mérité d’après les auteurs contemporains. Le roi d’ailleurs, qui se montra si digne d’un tel ministre et mit tant d’empressement à seconder ses vues, ne doit y rien perdre dans notre estime, au contraire ; la sincère amitié qui unit jusqu’à la fin le prince et son ministre, les recommande tous deux à la postérité. Le cardinal ne fut pas seulement un éminent homme d’État, il lui fallut, pour certains actes de son ministère, et pour accomplir certaines réformes en particulier, une énergie de caractère voisine de l’héroïsme.

« Il fit, dit Legendre, pour rétablir la discipline parmi les troupes, des ordonnances si sévères et les fit exécuter avec tant de fermeté que, pendant tout son ministère, loin de se plaindre des gens de guerre, les provinces à l’envi demandaient qu’on leur en envoyât pour consommer les denrées qu’ils payaient à prix raisonnable et en argent comptant. Les gens de justice étaient d’autres sangsues qui n’avaient pas moins dévoré la substance du peuple. Les procès ne finissaient point… Le juge, d’intelligence avec le praticien, multipliait la procédure, ce qui ruinait les parties en frais. La prévention ou l’intérêt, et le plus souvent la faveur, décidaient trop souvent dans les affaires ; aussi, le nouveau roi (Louis XII), qui était juste et équitable, établit, par l’avis du premier ministre, un tribunal supérieur sous le titre de Grand Conseil où l’homme sans protection, qui aurait peine à avoir justice, devant les tribunaux ordinaires, contre gens d’un trop grand crédit, pût avoir aisément recours et où ses plaintes fussent