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Page:Bouniol - Les rues de Paris, 1.djvu/293

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théâtre. Cependant, si j’ose en parler avec une liberté que je ne devrais peut-être pas me permettre, dit le neveu de Corneille[1], je ne trouve point dans la traduction le plus grand charme de l’Imitation, je veux dire sa simplicité et sa naïveté. Elle se perd dans la pompe des vers et je crois même qu’absolument la forme du vers lui est contraire. »

Ce jugement, quoique ratifié par la postérité qui a délaissé complètement le livre de Corneille dont il s’était fait naguère tant d’éditions, ce jugement me paraît très-discutable et la traduction de Corneille se rapproche, beaucoup plus que Fontenelle ne semble le croire, des mérites de l’original, outre qu’elle a celui d’une grande fidélité surtout pour une interprétation en vers. Elle n’est point, selon nous, indigne du grand poète comme le pensent trop de gens qui ne la connaissent que par ouï-dire, et ne manque ni de simplicité ni d’onction. Prenons au hasard quelques passages dans les premiers chapitres :

    Vanité d’entasser richesses sur richesses ;
    Vanité de languir dans la soif des honneurs ;
    Vanité de choisir pour souverains bonheurs
    De la chair et des sens les damnables caresses ;
    Vanité d’aspirer à voir durer nos jours
    Sans nous mettre en souci d’en mieux régler le cours,
    D’aimer la longue vie et négliger la bonne,
    D’embrasser le présent sans soin de l’avenir,
    Et de plus estimer un moment qu’il nous donne
    Que l’attente des biens qui ne sauraient finir.

Autre citation :

  1. Fontenelle, Notice sur Corneille.