Page:Bouniol - Les rues de Paris, 1.djvu/410

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posée depuis peu et qui avait été fort goûtée par tous les amis du poète.

La répugnance qu’éprouvait La Fontaine à céder sur ces deux points lui suggéra plus d’une objection à laquelle le théologien répondit avec sa charité ordinaire, ce qui n’empêcha point, par la contrariété du poète, que la discussion fût parfois assez vive. On sait à ce sujet la réflexion originale de la garde-malade :

« Eh ! ne le tourmentez pas tant, dit-elle un jour avec impatience au P. Pouget, il est plus bête que méchant. » Et une autre fois, avec un air de compassion : « Dieu n’aura jamais, dit-elle, le courage de le damner. »

Enfin, après plusieurs semaines de conférences assidues, La Fontaine reçut le Saint Viatique « avec des sentiments dignes de la candeur de son âme et des vertus du meilleur chrétien. » Plusieurs de ses confrères de l’Académie, sur sa demande expresse, assistaient à la cérémonie, et en leur présence il témoigna hautement d’un profond repentir de ses égarements passés comme de la publication de ses Contes, promettant, s’il recouvrait la santé, de ne plus employer ses talents qu’à la composition d’œuvres morales et pieuses, et il tint exactement parole.

Il ne faut pas oublier un noble trait du jeune duc de Bourgogne à peine âgé de onze ans. « De son pur mouvement, dit Montenault, et sans y être porté par aucun conseil, il envoya un gentilhomme à La Fontaine pour s’informer de l’état de sa santé et pour lui présenter de sa part une bourse de cinquante louis d’or. Il lui fit dire en même temps qu’il aurait souhaité d’en avoir davantage ; mais que c’était tout ce qui lui restait du mois