Aller au contenu

Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/163

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vertueux, mais mal informés, à propos de lui, ont parlé de Socrate, de Platon, de Phocion… s’il fallait absolument le comparer à quelqu’un, je lui trouve surtout des traits de conformité avec le célèbre Thomas Morus, chancelier d’Angleterre… qui, comme M. de Malesherbes, plaisanta jusque sur l’échafaud, et mourut en homme juste et en vrai sage pour sa religion et les lois de son pays. »

Et, à l’appui de ses réflexions, l’auteur raconte cette curieuse anecdote : « Un homme riche qui avait un procès à son tribunal, croyant se le rendre favorable, lui envoya deux flacons d’or, d’un travail recherché. Caton eût tonné contre le corrupteur ; Fabricius eut montré ses légumes et foulé l’or aux pieds ; Sully eut renvoyé les flacons et s’en serait vanté dans ses Mémoires. Morus ne fit rien de tout cela ; il fit remplir les flacons d’un vin exquis et les remit au commissionnaire en lui disant :

« Mon ami, dis à ton maitre que, s’il trouve mon vin bon, il peut en envoyer chercher tant qu’il voudra !! »