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Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/181

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« Oh ! tout cela mon mari peut me le montrer ; je le lui demanderai dès qu’il viendra nous voir, et je suis sûre qu’il ne refusera pas. »

Celui qu’Élisa appelait son mari ou son petit mari, était « un vieux monsieur, disent les Mémoires, à qui Élisa a été redevable d’une partie de son éducation et qui lui montra le français, le latin, la géographie. » Précisément, à propos de la tragédie projetée se lisent, dans les Mémoires, plusieurs scènes sans doute assez curieuses entre le vieux savant et la petite fille, mais qui nous choquent (peut-être est-ce trop de pruderie ?) par ces continuels « mon petit mari, » « ma petite femme » qui s’entremêlent sans cesse au dialogue. Ces enfantillages, même en passant sous la plume de la mère, ne me semblent aucunement séants, sans compter tel autre inconvénient de ce jeu ridicule que plus tard le bonhomme, auquel la cervelle avait tourné, s’obstinait à prendre au sérieux.

Quoi qu’il en soit, l’enfant profitait merveilleusement des leçons et des lectures, s’il est vrai qu’à l’âge de sept ans et demi seulement, elle ait pu composer des vers comme ceux-ci :

      Mon cher mari,

Sont-ils donc si mauvais qu’ils ne puissent te plaire,
Ces vers qui malgré moi s’échappent de mon cœur ;
Ces vers que mon amour me dicte pour ma mère,
Ces vers que je voudrais qui fissent son bonheur ?