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Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/41

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et nous attendrons, en servant notre pays, des jours meilleurs. »

— Bravo ! merci, merci, cher brave enfant, dit le père en embrassant son fils les larmes aux yeux.

Bientôt tous deux cheminaient d’un pas rapide sur la grande route en laissant derrière eux la flamme des bivouacs. Quelques heures après, les sbires du tribunal faisaient invasion dans la cachette, désappointés et furieux de la trouver vide.

Après quelques journées de marche, les deux voyageurs avaient rejoint le premier bataillon des volontaires de Rhône-et-Loire, qui fut dirigé vers l’armée du Rhin. Jacquard père, bientôt remarqué pour sa bravoure comme pour son exactitude dans le service et sa conduite exemplaire, fut nommé membre du conseil de discipline. Il avait, en cette qualité, la surveillance d’un certain nombre de disciplinaires prisonniers dans un petit village près Hagueneau ; tout à coup le canon tonne :

— Camarades, s’écrie Jacquard, qui m’aime me suive ! je promets rémission à ceux qui iront demander des fusils pour se battre.

— Allons ! allons ! en avant ! répondent les prisonniers qui, prompts à s’armer, ont bientôt rejoint leur chef improvisé et se battent en intrépides. Le général ne songea point à désavouer Jacquard, et tous, après la victoire, furent graciés. C’était justice.

Hélas ! ce jour glorieux devait avoir, pour notre héros, un bien triste lendemain. À quelque temps de là, un nouveau combat eut lieu. Le fils de Jacquard se trouvait avec son père aux premiers rangs. Une balle