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Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/61

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d’un commerce plus sûr, plus doux et plus piquant que le vôtre, d’homme avec lequel j’aimasse mieux passer ma vie. Après cela, rengorgez-vous et convenez que je suis un grand homme. »

Assurément celui dont Chateaubriand parlait ainsi ne pouvait être un homme ordinaire, et, après lecture de ces remarquables pages, comment n’aurait-on pas le très vif désir de faire plus ample connaissance avec Joubert, désir heureusement facile à satisfaire ; car, en outre des Notices trop brèves qui se trouvent dans les Biographies Universelles, une Vie de Joubert, écrite et très bien écrite par M. Paul de Raynal, qui avait épousé l’une de ses nièces, se lit en tête de la nouvelle édition, en deux volumes, des Œuvres posthumes de Joubert (Correspondance et Pensées). Par la Notice, on apprend à connaître, et de la façon la plus intime, cet homme excellent ; par la Correspondance et les Pensées, à l’admirer, à l’aimer ; et l’on ratifie de tout cœur, avec empressement, les éloges rappelés plus haut et dans lesquels on était peut-être tenté de voir une exagération de l’amitié. Venons aux détails biographiques.

Joseph Joubert naquit, le 6 mai 1754, à Montignac, petite ville du Périgord, où son père exerçait la profession de médecin. Il était l’aîné de sept frères, et cette famille nombreuse ne laissait pas d’apporter quelque gêne dans une maison dont la fortune était médiocre. Mais l’affection des parents trouvait le fardeau léger et savait suppléer à tout ! Joubert dans une de ses lettres, écrites longtemps après, nous parle de sa mère avec un accent ému qui va droit au cœur et fait aimer également le fils et la mère :