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Page:Bourdaret - En Corée.djvu/156

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Ces dernières sortent en chaise ouverte ou fermée, en pousse-pousse, à pied ou à cheval.

À présent que nous avons vu le rôle effacé que la destinée a accordé à la femme en Corée, disons que sa fonction principale est là — comme dans bien d’autres pays — la maternité. De même que le plus grand désir d’une fille est de se marier, le célibat étant une honte, de même le plus cher désir de la jeune épouse est d’être mère. Confucius exigeant des hommes une descendance nombreuse, la femme qui ne donne pas d’enfant à son mari est complètement discréditée. C’est d’ailleurs la stérilité qui constitue la principale cause des divorces. La difficulté est de caser les jeunes filles infirmes, paralytiques, bossues, borgnes, mais comme les mariages se font souvent par des entremetteuses, celles-ci s’ingénient à cacher aux yeux des parents les difformités de leurs protégées, et le jeune mari, qui ne voit sa femme que le jour de son mariage, s’aperçoit, trop tard, qu’il a été trompé sur la qualité de la marchandise. C’est une juste compensation aux nombreux cas où une jeune et jolie fille est mariée à un ivrogne ou à un malade.

Là ne se borne pas cependant la tâche de la femme dans la société coréenne, où elle a vraiment le beau rôle. La plupart d’entre elles doivent encore — par leur travail — aider à subvenir aux dépenses du ménage, et cela depuis la femme du peuple jusqu’à la grande dame. La seule boutique qu’elles puissent tenir dans la classe bourgeoise — cela paraîtra étrange aux Européennes — est un débit de vin ouvert dans une salle quelconque de la maison, et tenu, non par elles-mêmes, mais par un domestique mâle ou une servante. Par contre, elles ne peu-