Page:Bourdaret - En Corée.djvu/212

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leverseraient en vain le sol habité de la péninsule, ils n’y trouveraient rien, ni palais, ni temple enfoui. Cela tient à ce que l’art de bâtir en pierre est méconnu de ce peuple qui ne l’emploie guère que dans les soubassements, les escaliers, quelques monuments isolés, ou comme remplissage. En fait de monuments vieux de plusieurs siècles, je ne peux guère citer que les myrioks, statues géantes en granit datant des premiers temps du bouddhisme, et quelques pagodes en marbre, notamment celle de Seoul, ainsi que sa Tortue célèbre. Mais étant donnée la fidélité du Coréen, comme du Chinois, à la coutume, il y a des chances pour que la demeure actuelle diffère peu de celle d’il y a mille ans, sauf quelques légères modifications de détail apportées par un acheminement très lent vers le progrès. Quoi qu’il en soit, mon rôle est de décrire les habitations telles qu’elles sont, et non telles qu’elles devraient être, en spectateur consciencieux et prudent, car il ne faut pas confondre le type indigène avec la maison sino-coréo-européenne ou coréo-japonaise, modèles d’art nouveau que l’on peut admirer aujourd’hui dans les rues de la capitale et même dans certains coins des palais impériaux. Il faut s’entendre aussi sur la valeur des mots. Ainsi une maison coréenne est un peu plus qu’une cabane, et un palais — en tenant compte des jardins et des murs qui l’environnent — un peu plus que la réunion de plusieurs de ces maisons.

L’habitation la plus primitive consiste en un trou creusé dans la terre suffisant pour contenir — si besoin est — toute une pauvre famille. Le toit est formé de nattes que l’on entr’ouvre dans le jour pour donner de l’air et de la lumière à l’intérieur. Aux