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Page:Bourdaret - En Corée.djvu/214

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différents esprits qui la gouvernent, ainsi que la présence à certaines phases de l’avancement des travaux, des panesou et moutang. Cette année 1903 ayant été tout à fait remarquable au point de vue des constructions de palais, j’ai eu l’occasion de voir préparer les fondations de murs d’enceinte, et de divers monuments et, n’était le sérieux apporté dans l’accomplissement — en musique — de ces travaux, j’aurais cru assister à quelque divertissement de la population.

Les fouilles en fondation achevées, les lois de la construction veulent qu’elles soient remplies à sec, de matériaux plus ou moins durs : pierres, briques, tuiles cassées, tassés ensuite avec une dame attachée à une douzaine de cordes en paille, tenues en main par une douzaine de coolies. Un chanteur émérite entonne une longue chanson. À la fin de chaque couplet, au moment où les coolies reprennent en chœur le refrain, on s’aperçoit que la dame s’élève un peu et retombe sur le remplissage, en même temps que s’achève le refrain. Cette nécessité de chanter en travaillant n’est pas spéciale aux Coréens. Mais, en outre qu’ils chantent beaucoup et travaillent très peu, il y a encore un autre « tour de main » indispensable dans les constructions impériales, de sorte que les terrassiers forment presque une corporation d’art. Quand la fouille est remplie de pierres et que tout le répertoire de chants a été épuisé, on la nivelle avec du sable fin qui doit être lui-même pilonné. Pour cette opération — de quelques instants — il faut avoir recours à un renfort musical. Le chanteur de tout à l’heure empoigne une grosse caisse avec laquelle il accompagne un pas redoublé coréen — c’est-à-dire très lent — auquel répondent