Aller au contenu

Page:Bourdaret - En Corée.djvu/241

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gues du palais, grâce aux espions innombrables qu’elle entretenait partout. Quant au roi, à l’exemple des souverains Fils du Ciel, il ne se manifestait que rarement, et à peu près comme une divinité, soit aux yeux de ses ministres et des gouverneurs de provinces, dans cette salle du Trône que je viens de visiter, soit à la foule de ses sujets. Ceux-ci devaient tenir, contrairement à ce qui se fait aujourd’hui, leurs maisons — portes et fenêtres — hermétiquement closes, afin que nul regard profane ne pût se porter sur le roi. Il était cependant suffisamment caché dans sa chaise laquée, fermée de rideaux de soie, timbrée du cartouche royal, et portée sur les épaules de huit serviteurs, entre la double haie des guerriers et des dignitaires à cheval ou en chaise. Il est certain que ce spectacle devait dépasser en couleur et en originalité celui de nos jours. Mais ne le regrettons pas trop…


En arrière, et un peu à l’ouest de la salle du Trône, se dresse le pavillon d’été du roi, au milieu d’un étang recouvert de magnifiques fleurs de lotus. Une grande terrasse avec une balustrade sculptée encadre cette construction originale qui se compose simplement, au rez-de-chaussée, d’une immense salle hypostyle formée par six rangées de huit troncs de pyramides carrés, monolithes en granit rose, posés sans base sur le dallage. Les colonnes ont huit mètres de hauteur ; leur chapiteau est formé par une simple bague de métal vert.

Une galerie élégante entoure le premier étage qui peut être fermé par des vantaux ajourés d’un très joli travail. Malheureusement — suivant la funeste habitude du pays — rien n’est entretenu, et ce pa-