Page:Bourdaret - En Corée.djvu/315

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Ma modeste caravane se compose de deux chevaux de bât, conduits par leur « mapou » (palefrenier) portant mon matériel de campement et de cuisine, et d’un domestique chinois auquel est confié l’entretien de mon cheval australien qui demande des soins un peu plus compliqués que ceux donnés aux chevaux du pays, d’une endurance et d’une solidité remarquables. Ce domestique se révéla aussi maître-coq de premier ordre. Il avait d’ailleurs fait son instruction culinaire, en 1900, avec l’armée des alliés en Chine, et était passé maître dans l’art de confectionner les soupes à l’oignon et les poulets braisés. Cela, avec des conserves et du thé, permet de voyager en grand seigneur.


Nous quittons Seoul, le 15 avril de bon matin, par un ciel gris qui se découvre peu à peu.

L’étape du soir est fixée à Tchang-tane, à cent vingt lis (soixante kilomètres environ). Le conducteur des chevaux de bât objecte bien que c’est beaucoup trop loin, qu’habituellement on ne fait que quarante kilomètres ; mais, voulant m’arrêter à Song-to, le lendemain, je finis par le convaincre facilement. D’ailleurs pour les « mapou » l’étape est toujours trop longue.

Mon Chinois s’installe commodément sur les bagages légers portés par l’un des chevaux, étonné de ce changement brusque dans le poids de sa charge. Le Coréen, lui, fera la route tout le temps à pied, selon l’habitude : il ne monte jamais ses chevaux, marchant à côté de celui de tête, excitant de la voix et du fouet ces querelleuses et hargneuses petites bêtes qui se battent et se mordent continuellement. Mon grand cheval les exaspère, et ils veulent cons-