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Page:Bourdaret - En Corée.djvu/322

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nensis » échappées par miracle à la hache du bûcheron ; les courbes régulières des rizières et le miroir de leur eau tranquille me rappellent Madagascar dont l’orographie bouleversée ressemble un peu à celle de la Corée.

En longeant les masures du bord de la route, grâce à ma monture élevée, je domine facilement les petites clôtures qui limitent la cour des femmes ; invariablement celles-ci — surprises de cette intrusion par le toit — se précipitent dans la maison, et s’y barricadent, tandis que les chiens hurlent désespérément à mes trousses.

Bientôt, toujours à travers les rizières et les champs d’orge, nous atteignons le col de Pa-tjou, recontrant, tout le long du chemin, de moins en moins large, des sone-hang-dang, d’énormes tas de pierres accumulées par les passants, des branches chargées de chiffons multicolores, des stèles commémoratives et des poteaux indicateurs à face humaine.

Maintenant, c’est un cercueil qui passe ; le corps, porté par quatre hommes, est placé sur une longue planche et soigneusement enveloppé dans du papier huilé, lié avec les sept cordes qui attachent, aux endroits prévus par les rites, le linceul autour du cadavre.

Nous apercevons la plaine de Pa-tjou et, avant ce grand village, un autre petit hameau qui porte le même nom ; il est réuni à son frère aîné par une longue allée de saules. C’est là que je dois chercher un gîte pour la halte de midi.

« On s’habitue à tout, me disait un vieux résident, même à loger à l’auberge coréenne. » Néanmoins, la première fois qu’on y entre, on est désagréablement surpris par l’impression de misère, la saleté du