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Page:Bourdaret - En Corée.djvu/325

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dessous, est encombrée d’armoires à vêtements, de jarres contenant les choux salés.

Dans le fond de la cour, une pièce ouverte, où travaillent généralement les femmes de l’auberge, et une petite chambre réservée aux voyageurs de distinction (les Européens ont le bonheur d’en faire partie).

Celle-ci mesure bien quatre mètres carrés ; le papier dont les murs sont recouverts n’est guère plus propre que celui de la grande chambre, et la natte ne m’inspire qu’une confiance très limitée, justifiée d’ailleurs.

Le tout, en somme, est d’une grande saleté, et si l’on n’a pas un lit de camp élevé au-dessus de la natte, on est assuré, pour la nuit, d’une nombreuse compagnie, à moins que la chaleur suffocante de 40 degrés qui règne ici n’oblige l’habitant à s’installer dans la cour, au clair de la lune, en tête à tête avec les bœufs et les chevaux.

Je ne souhaite pas au voyageur européen d’être obligé de se contenter de la cuisine de l’auberge, et dans ce cas je lui conseille le riz exclusivement, et de fermer les yeux si on le sert avec la main, et s’il trouve dans son bol quelque cheveu de l’accorte servante.

Telle est l’auberge où je m’installe dans un coin avec mes provisions, tandis qu’une foule compacte assiste à mon frugal repas, prend mon flacon d’eau rougie pour une dose sérieuse d’alcool, goûte à mon pain, et ramasse avidement les boîtes de conserves vides.

Le déjeuner achevé, je flâne un peu dans le village pendant que les chevaux absorbent consciencieusement leur soupe chaude.