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Page:Bourdaret - En Corée.djvu/328

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Des fortifications en terre ont été élevées par les Japonais en 1894, sur les bords escarpés de cette rivière, pour protéger leur marche en avant vers le nord.

Nous traversons la rivière en bac. En hiver les bateliers sont obligés de se frayer un chenal à travers la couche glacée qui atteint cinquante centimètres, et d’établir un va-et-vient pour empêcher les blocs de se ressouder.

Après Ime-tjine, c’est encore la même succession de petits cols verdoyants, de villages cachés dans les saules, de rizières aux eaux claires se déversant l’une dans l’autre ; le chemin, assez bon dans cette partie, serpente, disparaît derrière les mamelons qui se succèdent jusqu’au soir.

Enfin, à six heures, la caravane s’arrête au village de Tchang-tane, où je retrouve encore un Kaik-sa en ruine, un grand nombre de stèles dont quelques-unes en fonte, un vieux kiosque où doit se prélasser en été le magistrat du district. Cet édifice émerge au milieu d’une mare sale qui a la prétention d’être un lac décoratif !

Sous la porte de l’unique auberge nous eûmes mille peines à faire passer mon grand cheval, et ce fut vite fait d’envahir la cour minuscule et l’écurie remplie déjà par des bœufs fort occupés à manger leur bouillie fumante de paille hachée et de haricots.

Un nombre respectable de curieux et d’enfants entourent nos bagages et mon cuisinier dont l’attirail de casseroles les amuse infiniment. Les réflexions vont leur train, bien entendu, et peu à peu tous les gens du village défilent curieusement, palpant tout ce qui tombe sous leur main, interrogeant