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Page:Bourget - Le Disciple.djvu/346

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LE DISCIPLE


VI

LE COMTE ANDRÉ


Au moment où arrivait à Lunéville le billet jeté à la poste par Adrien Sixte, celui à qui le philosophe adressait ce suprême appel, ce comte André de qui dépendait en ce moment le sort de Robert Greslou, était lui-même à Riom. Le hasard voulut que ces deux hommes ne se rencontrassent pas, car le célèbre écrivain, en descendant du train, prit place à l’aventure dans l’omnibus de l’hôtel du Commerce, tandis que le comte avait son appartement à l’hôtel rival, celui de l’Univers. Là, dans un salon meublé de vieux meubles, tendu d’un papier fané, avec des rideaux passés et un tapis rapiécé, et par ce matin de ce vendredi 11 mars 1887, où s’ouvraient les débats de l’affaire Greslou, le frère de la pauvre Charlotte se promenait de long en large. Midi allait sonner à la pendule de cuivre doré, à sujet mythologique, dont s’ornait cette pièce que chauffait à grand-peine un feu allumé dans une cheminée qui fumait. Au dehors, c’était sur la ville une pesée d’un ciel de neige, un de ces ciels d’Auvergne où passe par instant le vent glacial des montagnes. L’ordonnance du comte, un dragon à la physio-