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Page:Bourget - Le Disciple.djvu/50

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LE DISCIPLE

plaisir celui-là, et qui présentait cette physionomie à la fois effacée et nerveuse, comme il ne s’en rencontre qu’à Paris. Essayez d’y déchiffrer des goûts, des habitudes, un caractère ? C’est impossible, tant il a passé sur ce visage de sensations multiples et contradictoires. Ce viveur appartenait à l’espèce de ceux qui suivent les premières représentations, visitent les ateliers des peintres, assistent aux procès sensationnels, enfin qui se piquent d’être au courant, « dans le train, » comme on dit aujourd’hui. Après avoir lu le nom d’Adrien Sixte, il s’écria :

— « Bravo ! mes compliments, mon vieux Valette. C’est une vraie chance d’avoir à causer avec cet homme-là ! Tu connais son chapitre sur l’amour dans je ne sais plus quel bouquin ?… En voilà un qui connaît les femmes… Mais sur quoi diable as-tu à l’interroger ? »

— « Sur cette affaire Greslou, » dit le juge ; « il a beaucoup reçu le jeune homme, et la défense l’a cité comme témoin à décharge. On a lancé une commission rogatoire rien que pour cela. »

— « Quel dommage que je ne puisse pas le voir ! » dit l’autre.

— « Ça te ferait plaisir ? Rien de plus facile… Je vais le faire introduire… Tu t’en iras comme il entrera… En tout cas, c’est convenu pour ce soir, à huit heures, chez Figon. Gladys y sera, naturellement ? »