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Page:Bournon - Anna Rose-Tree.djvu/13

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déraiſonnable de vous avoir marqué ſi peu de regret… J’ai pleuré, ma chère Anna, mais pleuré de toutes mes forces ; & tout en maudiſſant la vieille & ſa ſuite, je n’ai pu retenir un éclat de rire à leur ſouvenir… Je vous avoue ma faute, & vous demande grâce. Je ne puis, pourtant, promettre de me corriger, puiſque l’inſtant le plus affreux de ma vie, a été celui où j’en ai commis une, que je ne puis me pardonner. Votre abſence vous vengera aſſez. Demandez à toutes nos compagnes. Depuis votre départ, je n’ai pris part à aucun jeu. Votre nom, que je prononce ſans ceſſe, me fait quelques querelles ; non que toutes ne vous aiment, comme vous le méritez : mais la jalouſie, cette fidelle habitante de toutes les penſions, leur ſouffle continuellement aux oreilles que c’eſt des abſens dont on doit le moins s’occuper ; je ne me le perſuaderai jamais, quand il ſera queſtion de vous. J’attends de vos nouvelles avec impatience. Je ne ſais ſi votre voyage a été heureux, mais je tremble que vous n’ayez été obligée de faire à pied les trois quarts du chemin. Adieu, ma chère Anna, n’oubliez pas que vous m’avez promis de m’écrire ſouvent, & de me faire part