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Page:Bournon - Anna Rose-Tree.djvu/155

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périorité ſur moi que je ſouffris avec peine. Elle abandonna totalement ſa modeſtie accoutumée, pour faire preſque des avances au Jeune-homme, qui la traita avec une aiſance très-familière. Il vanta deux ou trois fois ſon mérite, vainement chercha-t-il mon approbation : j’ai toujours déteſté la fatuité, & ce Jeune-homme en a une bonne doſe. Un ſourire amer étoit toute ma réponſe, lorſqu’il s’adreſſoit directement à moi. Quant à la vieille Dame, elle me ſembla, & je jurerois ne m’être pas trompée, une eſpèce d’imbécille ſans aucune tenue. Elle jouoit là un très-joli rôle : À peine lui adreſſa-t-on la parole une fois, encore fut-ce pour lui demander l’heure qu’il étoit ; elle ſe hâta de regarder à ſa montre, mais elle ne put y rien comprendre. — Voyez, dit-elle au Jeune-homme, car j’ai la vue trop baſſe pour diſtinguer les chiffres. Miſs ſourit malicieuſement au Jeune-homme, qui lui fit un ſigne. Enfin, le couple prit congé, & je tombai de mon haut en voyant le Jeune-homme préſenter reſpectueuſement la main à la Dame, en la nommant Mylady. — Elle a bien beſoin de ce titre, dis-je à ma Compagne, car il lui faut quelque choſe pour être ſouf-