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Page:Bournon - Anna Rose-Tree.djvu/163

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cules à ſa Fille, & peut-être à la déshonorer. Car le Cavalier n’eſt pas renommé pour être délicat ſur le choix des moyens qui rempliſſent ſes déſirs. Au reſte, ma chère Émilie, je ne ſuis ici que l’écho du Public, & il ne faut pas toujours s’en rapporter à lui : il eſt prudent d’appeler quelquefois de ſon jugement.

J’ai conçu pour l’excellente Miſtreſs Bertaw la plus profonde eſtime, & la plus tendre amitié ; elle a des égards pour vous ; elle vous traite avec douceur : je conſerverai toute ma vie le ſouvenir de ſes procédés, & mon cœur en ſera éternellement reconnoiſſant. Un eſpace conſidérable vous ſépare de celui à qui vous avez accordé quelque préférence : vous êtes à plaindre, ſans doute, mais il vous eſt permis de concevoir de l’eſpoir : quelqu’éloigné qu’il ſoit, il peut un jour ſe réaliſer. Mais moi ! Ô mon Émilie ! Depuis long-temps je garde le ſilence ; je l’impoſe même à mes ſentimens ; cependant mon inclination n’a rien perdu de ſon activité : j’aime toujours avec la même ardeur. Hélas ! le temps ne fait qu’accroître mes tourmens. Celui qui les cauſe n’eſt pas plus heureux ; j’en ai la certitude par lui-même.