Aller au contenu

Page:Bournon - Anna Rose-Tree.djvu/172

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avois pour venir ici, j’en ai de plus fortes pour y reſter. Je cours deux lièvres à la fois ; plaiſe à Dieu que proverbe ne puiſſe m’être appliqué ! Je ſuis ſûr d’un en quelque façon, & c’eſt celui dont je me ſoucie le moins : mais l’autre ! Ah ! mon Ami ! repréſente-toi la jeuneſſe d’Hébé, la nobleſſe de Minerve, la beauté de Vénus, & tu n’auras qu’une idée des charmes de la divinité dont je ſuis ridiculement épris. Je dis ridiculement, parce qu’il faut en amour, comme en toute autre choſe, conſerver la ſaine raiſon, pour combiner les évènemens, & n’en être jamais dupe. Juſte ciel ! s’écrie ſûrement le frivole Auguſtin, voilà de la morale. Au fait, mon Ami, &, ſurtout, grâce des réflexions, au fait donc : je te préviens pourtant que ma narration ſera longue, c’eſt une hiſtoire que tu vas lire : mais comme j’ai fait un peu de diverſion à la ſtricte honnêteté, tu m’écouteras avec plaiſir. Tu verras d’ailleurs que j’ai parfaitement ſuivi tes conſeils.

Trois mois après mon arrivée à Londres, où j’étois venu, comme tu ſais, pour éviter le Sacrement de Mariage que l’on vouloit me faire contracter avec une très-jolie Miſs