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Page:Bournon - Anna Rose-Tree.djvu/20

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place, remettez-vous enſuite à la vôtre, & oſez dire que vous n’êtes point heureuſe. Votre Mère a éprouvé des tribulations ; Mylady Green vous fait entendre qu’elle les avoit en quelque façon méritées. Je ne vois point dans tout cela des raiſons d’avoir l’ame triſte. Elle eſt morte : voilà le grand malheur ; encore faut-il s’en conſoler, & la choſe ne doit pas vous être difficile, puiſque vous ne l’avez pas connue ; je veux encore que vous n’ayez aucun ſouci du ſilence que l’on a obſervé avec vous. Pourquoi voulez-vous qu’on vous entretienne d’un être qui n’exiſte plus ? Vous voyez bien, Anna, que tous vos raiſonnemens n’ont pas le ſens commun. Pardon : mais la franchiſe eſt une de mes qualités, ou, ſi vous l’aimez mieux, la ſeule que je poſſède.

J’ai de mon côté des nouvelles à vous apprendre. Samedi, à cinq heures du ſoir, on eſt venu avertir Miſtreſs Hemlock, que pluſieurs Perſonnes l’attendoient dans le Parloir.[1] Nous étions enſemble : elle a voulu que je l’accompagnaſſe. Une Dame de belle apparence eſt venue l’embraſſer. — Je n’ai

  1. Chambre-baſſe où l’on reçoit les viſites.