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Page:Bournon - Anna Rose-Tree.djvu/342

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ſur Mylady Clarck. La ſociété de ſon aimable Frère adoucit un peu la rigueur de mon ſort ; mais ma Femme, quelle étrange créature ! ne ſe laſſe pas de me tourmenter. Elle ſe tourne le ſang par les inquiétudes où elle eſt toujours ſur ma fidélité. Elle me croit amoureux exactement de toutes les Femmes ; il faut pour lui plaire que je ne m’abſente pas d’avec elle, & lorſque nous ſommes enſemble, elle m’accable de reproches ſans rime ni raiſon. Conçois-tu, mon Ami, un ſupplice comparable au mien. Depuis huit jours que nous ſommes arrivés, elle n’a pas voulu que je ſorte parce qu’elle étoit fatiguée de la route, & qu’il lui falloit du repos. Lorſque le Chevalier Barrito m’a ſollicité de l’accompagner au Spectacle, elle lui a répondu que ſous peu de jours nous irions enſemble, qu’il n’étoit pas décent que nous paroiſſions l’un ſans l’autre ; je ſuis comme un enfant qui ne peut avoir d’autres volontés que celle de ſon Mentor. S’il m’arrive de contrarier celui que le ſort m’a donné, toute la maiſon en eſt la victime. Mylady devient un diable ; j’aime encore mieux ſouffrir tout ſeul que de faire connoître ſon odieux caractère à une