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Page:Bournon - Anna Rose-Tree.djvu/349

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pays ſauvage, y ſervir de garde-malade à une vieille Parente, quel étoit ton but ? D’hériter d’une immenſe fortune ! Et quel eſt l’uſage que tu prétends en faire ? Ton bonheur, ſans doute, conſidéré en général & en particulier, les actions de tous les Êtres penſans ; elles ne tendent qu’à ce même bonheur, tous font leur poſſible pour y atteindre : j’ai fait comme les autres, & j’ai, par deſſus le plus grand nombre, la gloire d’avoir réuſſi dans mon entrepriſe ; après ce raiſonnement, oſe encore me blâmer. Je me repentirai dans la ſuite, dis-tu, de mon imprudence. Me repentir ! hé ! de quoi ? d’être parfaitement content ? Heureux Époux, heureux Père, heureux Ami de tout ce qui m’entoure ; quel motif pourroit exciter mon repentir ? Tu prétends que j’ai déshonoré ma Famille ; une choſe qu’on ignore peut-elle cauſer le plus petit mal ? Mon juge, Auguſtin, eſt au fond de mon cœur, & il ne me fait pas des reproches auſſi graves que les tiens. Lorſque j’étois lié à Londres avec une douzaine de roués (pardonne ſi je te mets du nombre, & ſur mon ame ce n’eſt pas par récrimination), que je paſſois mon temps à jouer, à boire & à ſéduire toutes les Jeu-