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Page:Bournon - Anna Rose-Tree.djvu/359

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avec ma bouche, que le même ſoir j’ai volé à l’Opéra avec le Chevalier Barrito, pour m’enivrer du plaiſir de voir la charmante Émilie ; elle n’y étoit pas, & c’eſt en vain que je l’ai cherchée dans tous les Spectacles. En ſortant des Italiens, un jeune Anglois d’une figure agréable, qui attendoit ainſi que moi, ſon carroſſe, eſt venu me joindre ; tu ſais que l’on ſaiſit toujours avec avidité l’occaſion de parler ſa langue : il m’a paru faufilé dans la meilleure compagnie, à en juger par le nombre & la qualité des Perſonnes qui l’accoſtoient ; je l’ai engagé à venir chez moi, & dès le lendemain il nous a rendu viſite : ma Femme a été enchantée de ſon eſprit & de ſa gaieté, & l’a invité à dîner avec nous ; à l’heure du Spectacle, je l’ai laiſſé avec Mylady ; à mon retour je l’ai trouvé ſeule, mais rêveuſe & penſive. Ce Jeune-homme eſt aimable & d’une tournure agréable ; s’il avoit fait quelqu’impreſſion ſur elle ? en vérité, mon Ami, j’en ſuis réduit à le déſirer, peut-être alors ſeroit-elle plus indulgente pour moi. Malgré mes ſoins, il m’eſt impoſſible de rencontrer Lady Clemency ; ſeroit-elle déjà partie ? Si j’en avois la certitude, je me croirois dix fois plus