Aller au contenu

Page:Bournon - Anna Rose-Tree.djvu/420

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

deviez accoucher preſqu’en même temps que moi ; le terme arrivé, je mis au monde une Fille qui fut nommée Peggi. Comme j’avois mes vues, je la gardai dans ma chambre avec ſa nourrice, Payſanne d’un village à quinze milles de Raimbow. Enfin vous accouchâtes ; ce fut à moi que l’Enfant fut remis : s’il eut été un Garçon, j’aurois caché ſon ſexe ; je n’en eus pas la peine, c’étoit une Fille : en la careſſant vous lui découvrîtes un ſigne ſur l’épaule droite. Dès la même nuit je fis l’échange des deux Enfans, ſans que la nourrice de ma Fille s’en apperçut, & je la renvoyai le lendemain matin. Ce fut donc ma Fille, & non pas la vôtre, Mylady, à qui vous avez donné le ſein, & prodigué vos ſoins.

Votre ſeconde groſſeſſe me cauſa beaucoup de peine dans la crainte que la nature ne vous indiquât qu’il falloit plus aimer ce dernier Enfant que le premier. Je parvins à vous perſuader de ne pas nourrir la Fille dont vous accouchâtes ; elle fut confiée aux ſoins d’une Étrangère. À peine eut-elle atteint l’âge de trois ans, que je vous décidai à la mettre dans une Penſion. C’étoit toujours moi qui allois voir Miſs Émilie, &