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Page:Bournon - Anna Rose-Tree.djvu/429

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comme il aimoit beaucoup les plaiſirs & que les plaiſirs étoient faits pour lui (car j’ai peu connu d’homme auſſi aimable), il ſe remit bientôt dans le tourbillon. Il confia mon éducation aux ſoins d’un ancien Valet-de-Chambre qu’il croyoit honnête & vertueux. Hélas ! c’eſt à ſa mépriſe que je dois tout ce que j’ai ſouffert dans le courant de ma vie. Harlett poſſédoit tous les vices. Je ne tardai pas à profiter de ſes leçons, l’exemple qu’il me donnoit s’inſinuoit dans mon cœur ; à quinze ans je ſurpaſſois mon Maître. Harlett, dès l’âge le plus tendre, m’avoit conduit dans des maiſons de jeu & chez des Filles de joie. Je pris goût pour ce genre de vie qui devoit aboutir à ma ruine & à mon déshonneur. Une ſcène affreuſe, dont je fus le témoin, & où Harlett perdit la vie, ne me corrigea pas. Nous étions dans un tripot : depuis quelques minutes, j’avois quitté le jeu, & j’attendois pour me retirer que Harlett eut fini un coup important ; il le gagna. Son adverſaire prétendit qu’il avoit friponné ; la galerie, qui avoit parié pour lui, ſoutint l’accuſation. Harlett ſe fâcha ; on le menaça : malgré mes avis, comme il s’agiſſoit d’une ſomme conſidéra-